Paul BONNEL, dirigeant chantier du Guip
Depuis 27 ans, Paul Bonnel est à la tête du chantier du Guip avec son associé brestois Yann Mauffret. Quand il rejoint son atelier, chaque matin, sur l’île aux Moines, son émerveillement pour l’environnement exceptionnel du Golfe du Morbihan reste intact. Retour sur un parcours étonnant d’un ch’ti, débarqué en Bretagne en 1983 pour réparer des moulins à vent…
C’est en Bretagne, déjà, que Paul Bonnel à douze ans à peine, tire ses premiers bords en caravelle du côté de Dahouet. Les sorties régulières à bord du pêche-promenade paternel, depuis le port de Calais, entretiendront durant toute son adolescence son intérêt pour le milieu maritime.
Etudiant à Dunkerque en technique de commercialisation, formation qui lui sera utile par la suite, il cumule une fonction de chef de base à l’école de voile d’Arromanches.
« A la sortie de l’IUT, j’avais trois choix possibles : représentant, chef de rayon ou responsable de cafétéria » se souvient-il ; bref, rien de très attrayant pour cet homme concret au regard franc. Il passe alors un CAP auprès de la fédération compagnonique du bâtiment et s’en va aider un ami qui retape un moulin à Coquelle, près de ce qui deviendra plus tard le tunnel sous la manche. L’expérience étant concluante, un complément de formation auprès d’un compagnon lui permettra d’afficher une spécialité de charpentier de moulins.
Différents chantiers se succéderont dans la Beauce, dans le Perche, etc…où son amour du bois et son sens du travail artisanal de précision feront merveille.
C’est grâce à une annonce dans le Chasse Marée, en 1983, qu’il se rapprochera du chantier du Guip. Les dirigeants de l’époque cherchaient des compétences pour le « trait » de charpente, soit le dessin de charpentes, dans un objectif de diversification. Paul Bonnel travaillera notamment sur le Moulin à papier de Pen Mur et reprendra finalement le chantier du Guip en 1984 pour assouvir sa passion des bateaux bois.
Depuis, de nombreuses réalisations ont alimenté la . La « Recouvrance » bien sûr qui a été « un travail d’équipe extraordinaire » mais les rassemblements de Guépards dans le Golfe font aussi sa fierté. La reconstruction du Biche à Lorient a été une très belle aventure. Ce bateau emblématique a retrouvé son élément pour les Les Tonnerres de Brest 2012 : .
Son meilleur souvenir ?
La victoire dans les régates d’automne de Saint-Tropez, à bord de « Seagle », un côtre de 1903 sur plan Alfred Mylnes. Attention cependant à ne pas le cantonner dans le seul registre de la voile traditionnelle. Il dit avant tout avoir « la curiosité des bateaux en général ». Aussi, quand le «tour de manège » énigmatique qui lui est offert, il y a deux ans se révèle être une folle chevauchée à 32 nœuds sur le trimaran Foncia, il qualifie cette sortie de « bonne expérience »…
Le bois n’est d’ailleurs pas synonyme de lenteur et de piètres performances, il n’est qu’à juger des résultats des 12 mètres JI « Vanity » et « Wings » qui portent haut le savoir faire du chantier lors des régates internationales.
L’homme reste avant tout pétri de bon sens marin. La navigation, pendant sept ans, à bord de son « Mab er Guip », un sinagot de 8 tonnes dépourvu de moteur, malgré les facéties du Golfe y est sans doute pour quelque chose.
C’est la disparition relative de la valeur des choses et du sens marin qu’il regrette dans la plaisance actuelle. Ceci renforce encore l’admiration qu’il porte aux bénévoles de la SNSM, qualifiés de « gens extraordinaires ». Le Ch’ti de Lille a définitivement adopté le Morbihan et l’émerveillement du matin se renouvelle le soir au moment de regagner sa maison de port Blanc fabriquée devinez comment ? en bois, bien entendu !
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