Francis Joyon, skipper de la Route du Rhum – La Banque Postale 2010

Rien ne prédestinait Francis Joyon, né loin de la mer, à devenir skipper professionnel. Au cours de sa carrière, il bat par deux fois le record du tour du monde en solitaire et sans escale. En 2010, vingt ans après avoir couru sa première Route du Rhum, le navigateur sera de nouveau sur la ligne de départ de la célèbre transat en solitaire.

© DPPI

Né dans l’Eure-et-Loire en 1956, Francis Joyon a fait ses armes sur le tard, en atterrissant presque par hasard à l'école de Voile des Glénans pour s'occuper du matériel. "Je ne suis pas du sérail, mes parents connaissaient à peine l'existence des bateaux", déclare-t-il. A la fin des années 80, il rencontre Paul Vatine et se lance dans la course au large avec la Route de la découverte (Cadix-San Salvador) sur un bateau construit à partir des coques d'Elf Aquitaine, puis participe pour la première fois à la Route du Rhum en 1990. En 2000, il remporte la Transat anglaise en moins de dix jours.

Mais le terrain de jeu des courses transocéaniques lui semble de plus en plus étroit. Ce qui le titille, c'est le record absolu, celui d'un tour du monde en solitaire et sans escale. Après un chavirage lors de la Route du Rhum en 2002, il se lance dans l'aventure en novembre 2003 à bord de l'ancien trimaran d'Olivier de Kersauson. Il signe là son premier exploit, en 72 jours 22 heures 54 minutes. Un an plus tard, la Britannique Ellen MacArthur lui ravit son record, ce qui donne envie au navigateur de repartir. En 2008 le résultat est là : auteur d'une navigation limpide, il explose à nouveau le record en 57 jours 13 heures 34 minutes et 6 secondes.

La Route du Rhum – La Banque Postale : le prochain challenge

Il y a 20 ans, Francis Joyon prenait pour la première fois le départ de la Route du Rhum, sur un bateau qu'il avait construit de ses propres mains. « En 1990 j’ai terminé dixième avec plein de petites galères, mais j’étais allé au bout. »

Le skipper, installé aujourd'hui à Locmariaquer, compte 4 participations à la transatlantique en solitaire. Cette année, c'est à bord de l'Idec, dans la catégorie Ultime, qu'il prendra la route des mers vers Point-à-Pitre.

"D’une certaine manière, l’édition 2010 à venir constitue un sacré retournement de l’histoire. Le règlement de 1994 stipulait que la taille des bateaux serait limitée à 60 pieds (18m28), mais que pour les bateaux anciens, il y aurait une tolérance à 20m80. J’avais donc déjà raccourci mes flotteurs pour être dans la jauge et arrivé à Saint-Malo, j’apprends que non, il n’y aurait plus de règle d’exception. Ni une ni deux, j’ai pris ma scie sauteuse et j’ai scié une partie de l’étrave et l’arrière des flotteurs.

C’était la seule chose qui me restait à faire, mais le bateau avait quand même une drôle de tête. Du coup, comme j’avais modifié le bateau, l’organisateur m’a imposé un nouveau parcours de qualification, dans la semaine qui précède le départ… Je suis parti virer Ouessant dans un coup de vent, j’ai tout cassé avant le départ. Autant dire que le jour du départ, je n’étais pas vraiment prêt. La course s’est terminée aux Açores, pied de mât explosé, safran cassé. Pouvoir aujourd’hui revenir prendre le départ sur un multicoque sans limite de taille, c’est un joli pied de nez, finalement."

Date de publication : octobre 2010