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© Yannick Le Gal / CRTB

Armel Le Cléac'h, à l'assaut du Vendée Globe

1 janvier 2017
Armel Le Cléac’h a franchi la ligne d’arrivée du 8e Vendée Globe jeudi 19 janvier 2017 à 16 heures 37 minutes et 46 secondes, heure française. Pour sa 3e participation, le skipper de Banque Populaire VIII, signe une performance remarquable et impose un nouveau temps de référence sur ce tour du monde en solitaire en monocoque : 74 jours 03 heures 35 mn 46 s (soit 3 jours 22h et 41 mn de moins que François Gabart en 2013).
ArmelLeCleach© CE2

Retour sur la course

En course sur le Vendée Globe, avec un départ et un début de course remarquable, Armel Le Cléac'h à la barre du flambant neuf monocoque Banque Populaire VIII, vit intensément cette incroyable course autour du monde en solitaire sans escale et sans assistance qu'il dispute pour la troisième fois.

Jeudi 24 novembre, le skipper finistérien suivait de près le leader Alex Thomson qui a déjà pulverisé, avec plus de 5 jours d'avance, le temps de référence au passage du Cap de Bonne Espérance, établi en 2012 par Armel Le Cléac'h. Mais depuis le dimanche 27 novembre, Armel Le Cléac'h a repris la tête du Vendée Globe. Le 2 décembre, les deux leaders sont au coude à coude, avec seulement 8 milles d'écart. 

Le 16 décembre, l'écart se creuse avec 380 milles d’avance pour le skipper breton. Au milieu de l’Océan Pacifique, Armel Le Cléac’h a parfaitement négocié la dépression qu'il a traversé. Le Cap Horn est actuellement dans son viseur. 

Quelques semaines plus tard, après le passage du Cap Horn et de l'Equateur, Armel Le Cléac'h remonte l'Atlantique, toujours en tête de course, suivi de près par Alex Thomson. 68 jours de course déjà!  Ses projections le font arriver aux Sables-d’Olonne jeudi 19 janvier 2017 au matin. Allez Armel! #VG2016 

Quelques images de sa victoire 

« Il n'y a pas vraiment de moments de répit »

« Me voilà depuis la nuit dernière dans les Quarantièmes Rugissants et en approche du Cap de Bonne-Espérance que je devrais franchir normalement vendredi matin. La traversée de l'Atlantique s'est faite très rapidement avec un front qui nous a propulsé du Brésil jusqu'à l'Afrique. L'écart s'est d'ailleurs un peu creusé sur nos petits camarades derrière. Et je continue de m'accrocher pour espérer avoir une opportunité de reprendre la tête de la course.

BanquePopulaire1

J'avale les milles et ça c'est plutôt bien mais la rapidité présente aussi quelques inconvénients : c'est très agité et humide à bord du bateau. Les conditions de vie sont un peu spartiates et inconfortables. Il y a du bruit de manière incessante, un fond sonore pas très agréable, mais c'est comme ça ! Il y a le bruit général du bateau, en permanence également celui que fait l'eau en retombant sur le pont, cela fait caisse de résonance à l'intérieur. Pour changer un peu d'ambiance, j'essaye de mettre de la musique ou un podcast, j'écoute la radio. » Mercredi 23 novembre 2016

«Là, nous sommes vraiment en mode haute montagne» 

« En ce moment, outre la vitesse, ce sont les températures qui sont marquantes : il fait vraiment très froid ! La température de l'eau est d'à peine 3°/4° degrés et celle extérieure n'est pas plus élevée. Comme en plus il y a du vent, cela n'aide pas à réchauffer l'atmosphère ! A l'intérieur du bateau, j'essaye d'amener un peu de chaleur mais là, nous sommes vraiment en mode haute montagne. On compte les degrés, le bateau en carbone n'a pas d'isolation, il prend la température de l'eau. Ça caille ! Les bonnets, les polaires, les grosses chaussettes et la barbe sont bienvenus. Je bois aussi pal mal de soupes, ça réchauffe bien. Une bonne manière d'allier à la fois le réconfort, le plaisir et ça nourrit ! Un vrai bonheur ces boissons chaudes... 

BanquePopulaire

Et puis en passant près des Kerguelen la nuit dernière -pour vous, pour moi, il faisait jour-, j'ai fait une belle rencontre. J'ai croisé un navire de la marine nationale qui est venu me faire un petit coucou. Avec un survol d'un hélico, c'était plutôt sympa. Après, ma nuit a été un peu tonique et j'ai eu peu de temps pour dormir mais cela devrait aller mieux dans les prochaines quarante-huit heures. Je devrais pouvoir souffler un peu et de nouveau checker le bateau... Histoire de préparer la dépression suivante attendue ce week-end.

C'est bien aussi d'être en tête de la course même si Alex (Thomson) met du charbon... Il revient bien. Il attaque un peu depuis vingt-quatre heures. L'avantage quand on est à deux aux avant-postes, c'est que cela permet de garder un rythme à bord, d'avoir un repère de vitesse. Et puis nous avons surtout creusé l'écart sur nos poursuivants. C'est plutôt bien pour la suite de la course.

Alors rendez-vous la semaine prochaine. Si tout va bien, mercredi je devrais être dans le sud de la Tasmanie, à l'est de l'Australie! » Mercredi 30 novembre 2016 

«Quand ça s'arrête, on savoure, tellement content d'avoir réussi à passer» 

« Il faut vraiment savoir gérer ces moments difficiles pour faire marcher le bateau et ne pas se mettre en mode arrêt. On est seul à bord, on ne peut compter que sur soi, du coup c'est le mental qui prend le dessus. Mais ça use aussi, les journées sont longues. En revanche, quand ça s'arrête, on savoure, tellement content d'avoir réussi à passer. Faut être un peu maso parfois pour être là, mais c'est le jeu. On connaît la difficulté des mers du Sud, leur dureté. La transition entre l'océan Indien et le Pacifique peut être très compliquée avec des dépressions très violentes. Ça a été le cas, nous avons été bien servis, mais derrière aussi. Certains ont mis leur course entre parenthèses pour éviter le gros de la tempête. Cette partie du parcours a été très dure mais sans peurs particulières, c'est plutôt quand je regarde du côté des Kerguelen, avec des icebergs détectés dans la zone. Ça fait un peu froid dans le dos car on est passé là à fond les ballons peu de temps avant. On aurait pu faire de mauvaises rencontres...»  Mercredi 14 décembre 2016 

Vendee globe armel le cleac h frappe un tres grand

 

- Passage de Equateur : pot au noir compliqué

Son portrait et palmarès 

Né à Saint-Pol-de-Léon (Finistère) le 11 mai 1977, Armel Le Cleac’h est tombé tout petit dans le chaudron nautique. Sur le magnifique plan d’eau de la Baie de Morlaix, il s’initie très tôt aux joies de la glisse et fait ses premières armes en apprenant à maitriser sur le bout des doigts les courants changeants de la mer d’Armorique. Jeune garçon volontaire au caractère bien trempé, il entame à neuf ans une carrière prometteuse de régatier sur Optimist.

Au fil des ans, le futur circumnavigateur gravit patiemment tous les échelons de la voile de compétition. Il intègre l’équipe du Finistère et se fait bientôt un nom en écumant les régates à bord de son 420. En 1999, Armel Le Cléac’h vient d’avoir 18 ans. Après sa victoire dans le Challenge Espoir Crédit Agricole, il passe skipper pro et s’aligne au départ de la Solitaire du Figaro. La ténacité du breton commence à payer.
En 2000, il termine l’épreuve en accrochant la première place chez les bizuths et la deuxième au classement général. En 2001, le finistérien toujours avide de nouvelles conquêtes s’attaque au Tour de France à la Voile à la barre d’un Figaro Bénéteau et remporte l’épreuve. Deux ans plus tard en 2003 à Saint-Nazaire, il entre dans le cercle très fermé des vainqueurs de la Solitaire du Figaro et marque définitivement l’histoire de la course en coiffant Alain Gautier sur le fil, pour 13 toutes petites secondes.

 A suivre sur Banque Poulaire Voile


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